Depuis quelques années, la question du squat occupe le devant de la scène médiatique et suscite beaucoup d’inquiétudes chez les propriétaires. Longtemps associée à l’occupation illégale de résidences secondaires ou de logements vacants en centre-ville, cette pratique s’oriente désormais vers un tout autre type de bien immobilier. De plus en plus de squatteurs choisissent de viser les maisons laissées inoccupées pendant des successions, profitant des failles administratives et de l’absence de surveillance pour investir ces biens fragilisés.
D’un phénomène marginal aux nouvelles cibles : comment évoluent les pratiques des squatteurs ?
Le nombre de cas de squat reste limité à l’échelle nationale, mais les stratégies ont changé. Si les résidences secondaires constituaient autrefois le premier choix des squatteurs, l’apparition de nouvelles cibles comme les maisons en cours de succession marque une vraie rupture. En effet, alors qu’un logement vacant en bord de mer, doté parfois d’une piscine, semblait désigner une proie facile et alléchante, la rareté croissante de ce type de biens accessibles pousse les squatteurs à explorer d’autres opportunités.
La discrétion et le caractère temporairement abandonné des maisons concernées séduisent ces groupes. Entre deux héritiers n’ayant pas encore réglé la succession, l’absence officielle de propriétaire représente une période de flottement juridique propice à ce genre d’agissements. Certains biens restent ainsi inoccupés plusieurs mois, voire quelques années, offrant un large créneau sans surveillance active ni passage régulier des proches. Parmi les mesures récentes renforçant la lutte contre le squat, la loi prévoit désormais jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende pour les squatteurs, illustrant la sévérité accrue face à ce phénomène lourdes sanctions prévues par la nouvelle législation.
Pourquoi les maisons en succession sont-elles devenues attractives ?
Face au renforcement des mesures de sécurité sur les résidences secondaires et à la vigilance accrue dans certains quartiers résidentiels, les biens inoccupés durant une succession offrent plusieurs atouts notables pour les squatteurs. D’abord, ces maisons disposent souvent d’accès discrets : portails anciens, jardins arrières isolés ou fenêtres peu protégées facilitent l’intrusion. Ensuite, la quasi-absence de visites, notamment si les héritiers habitent loin, permet aux occupants illégaux de s’installer durablement plus tranquillement.
Des exemples concrets illustrent cette évolution. Une ancienne ferme a été squattée pendant près de deux ans en Haute-Garonne, transformant les lieux en véritable no man’s land. À Stains, une maison de maître laissée vacante a fini par accueillir jusqu’à cent personnes, entraînant dégradations et difficultés majeures pour les ayants droit, impuissants face à la lenteur administrative. Ces situations se multiplient discrètement et alertent sur l’évolution des tactiques utilisées par ceux qui cherchent où loger gratuitement. Pour mieux comprendre l’efficacité actuelle des procédures accélérées d’expulsion et les décisions rendues rapidement grâce à la loi anti-squat, retrouvez un exemple précis de verdict rendu en dix jours dans une affaired’application concrète de la loi anti-squat.
Les régions les plus touchées par le squat : une géographie du risque
Certaines parties du territoire font face à une recrudescence notable des cas signalés de squat. Parmi les 124 situations recensées officiellement en 2021, quatre régions concentrent l’essentiel du phénomène : Île-de-France, Hauts-de-France, PACA et Occitanie. Cela témoigne de la pression démographique, de la forte demande en logement et du nombre élevé de biens susceptibles de rester momentanément inoccupés.
Cet ancrage régional ne relève pas du hasard. Des zones pavillonnaires à la périphérie des grandes villes, jusqu’aux campagnes dotées de vieilles bâtisses, composent un vivier potentiellement vaste pour des squatteurs prêts à s’adapter selon l’environnement local. Les héritiers habitant en dehors de la région sont particulièrement vulnérables lorsque personne ne peut assurer une veille régulière du logement vidé.
Comment les propriétaires peuvent-ils limiter le risque de squat lors d’une succession ?
Même si aucune protection n’est absolue, il existe différentes précautions efficaces contre le squat. Face à la multiplication des occupations illégales de biens inoccupés, les héritiers ont tout intérêt à agir rapidement avant que la maison ne devienne la cible d’individus cherchant une solution de logement parmi les logements vacants. L’entrée en vigueur de la loi Kasbarian-Bergé en 2023 a certes renforcé l’arsenal répressif, mais prévenir reste plus simple qu’expulser une fois la situation instaurée.
L’accélération des procédures d’expulsion et la sévérité des peines encourues – jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende pour les squatteurs – montrent une volonté politique de reprendre le contrôle. Néanmoins, la complexité administrative persistante fait que les démarches, même simplifiées, imposent toujours des délais non négligeables. Pendant ce temps, chaque jour compte et le bâti se détériore rapidement.
Quelles solutions concrètes adopter contre le squat ?
Afin d’éviter de voir son bien occupé, plusieurs gestes simples mais efficaces s’offrent aux héritiers et futurs propriétaires. Mettre à jour la sécurisation physique du lieu, installer une alarme reliée à un centre de télésurveillance ou placer des caméras extérieures figurent parmi les premiers réflexes à envisager. Un système domotique permettant de simuler une présence (éclairage automatique, volets programmables) complique aussi la tâche des squatteurs en leur volant la certitude d’accéder à une demeure réellement vide.
Informer la mairie, le voisinage et les forces de l’ordre de la situation joue également un rôle primordial. Plus le réseau de vigilance locale est étendu, plus les tentatives peuvent être détectées tôt. Signaler le logement vacant limite le sentiment d’impunité et incite parfois à détourner l’attention vers des lieux moins surveillés. Les professionnels de la gestion immobilière proposent également des services sur-mesure pour garder un œil sur les maisons en attente de transfert effectif de propriété.
- Sécuriser toutes les entrées et accès discrets
- Installer des systèmes d’alarme et de vidéosurveillance
- Informer régulièrement les autorités locales
- Solliciter voisins ou proches pour des passages fréquents
- Envisager une occupation temporaire légale (location provisoire)
Quelles erreurs faut-il éviter lorsqu’un bien reste inoccupé ?
Laisser des objets personnels visibles ou des outils dans le jardin facilite l’installation des squatteurs. Remettre à plus tard le changement de serrure ou négliger la fermeture correcte des accès discrets réduit considérablement les chances d’échapper à un squat. Ne pas anticiper une longue durée de vacance augmente aussi les risques, car les réseaux informels partagent rapidement ce type d’information au sein des groupes à la recherche de nouveaux habitats illégaux.
Sous-estimer la rapidité avec laquelle une maison peut attirer l’attention de squatteurs constitue un écueil fréquent. Même une courte absence suffit parfois pour voir un logement accaparé, tandis que la procédure de restitution prend bien plus longtemps. La vigilance doit donc commencer dès les premières étapes de la succession, en mobilisant tous les acteurs locaux afin d’intervenir promptement en cas de tentative d’intrusion.





